Joseph LEVIS 1784-1856, soldat piémontais du régiment de Meuron

Joseph LEVIS arrive au Canada comme soldat du régiment de Meuron en juillet 1813. Il était entré au service de ce régiment le 11 mars 1807 alors qu'il était prisonnier de guerre à Guernesey. Originaire de Riva en Italie, il était tisserand de métier. Mais comment cet Italien s'est-il retrouvé en prison à Guernesey?


Extrait du registre du régiment de Meuron.


Et bien, c'est la faute à Napoléon! En 1806, le Piémont est annexé au territoire français. Napoléon qui a besoin d'hommes pour mener ses campagnes militaires en profite pour incorporer des régiments italiens au sein des troupes françaises et établir la conscription obligatoire. Ainsi, Joseph Antoine LEVIS est conscrit l'an XIII du calendrier républicain (1804-1805) et incorporé dans le 82e régiment d'infanterie de ligne le 13 fructidor an XIII, soit le 31 août 1805. 

Selon le contrôle de troupe, Joseph LEVIS est le fis d'Antoine Marie LEVIS et de Dominique BELLO. Il est né en 1784 à Riva, département du Pô en Italie, dont Turin est le chef-lieu. On lui connait une soeur, Marie Thérèse LEVIS qui épouse Mathieu GILLIO le 11 janvier 1806 à Riva.

Extrait du registre matricule napoléonien du 82e régiment de ligne.

Stratégie militaire oblige, un régiment est rarement au complet dans un même lieu. Un détachement du 82e s'est retrouvé à la Martinique où il sera en garnison en 1805 et a participé à quelques batailles. Le 15 septembre 1806, Napoléon veut y envoyer en renfort 2000 hommes, dont deux compagnies du 82e totalisant 300 soldats, qui étaient en dépôt en France en attendant de passer en Guadeloupe. Cette expédition tourne mal et quatre des sept frégates françaises sont capturées par les Anglais et les soldats sont fait prisonniers.

Ainsi, Joseph LEVIS fait partie des soldats capturés en mer par les Anglais. Il est rayé des contrôles régimentaires le 21 novembre 1806. Les prisonniers sont dispersés dans des prisons situées dans des ports de la Manche: Lymington, Portsmouth ou encore Guernesey, île anglo-normande. Le régiment de Meuron y recrutera plusieurs soldats au printemps 1807, dont Joseph LEVIS.

Acte de mariage de Joseph LEVIS.

En juillet 1813, le régiment de Meuron arrive au Québec. LEVIS fait partie des troupes. À peine six mois après son arrivée au Québec, le 24 janvier 1814, Joseph LÉVIS reçoit son congé. Quelques semaines plus tard, le 16 mai 1814, il prend pour épouse Clémence DUSSIAU, fille mineure d'Alexandre et d'Anne LEGRIS. Jean BARBIER et Remi BELLOCCHIO, frères d'arme, sont présents au mariage et ont signé avec l'époux. Le couple aura au moins 9 enfants dont sept se marieront et auront une descendance.

Acte de sépulture de Joseph LEVIS.


Joseph LEVIS s'éteint le 26 septembre 1856 à Rigaud au Québec à l'âge de 72 ans. Il est inhumé trois jours plus tard dans le cimetière de la paroisse. ▪︎


Sources

Généalogie Québec : Registres d'état civil du Québec (abonnement requis)
Mémoire des Hommes : Registres matricules napoléoniens (gratuit)
Ancestry : Registre des soldats du régiment de Meuron (abonnement requis)
L'histoire du 82e régiment d'infanterie de ligne aux Antilles.

Pauline Marie Rose RICCI d'Isernia région du Molise

Le 12 novembre 1821 à Montréal, Pauline Marie Rose RICCI (Ritchi dans l'acte), fille de Cyprien RICCI bourgeois et d'Anastasie PETRARQUE prend pour époux Giovanni Pietro DOMINI, fils d'Antoine DOMINI et de Marie PIETROLONGO de la ville de Naples. Pauline RICCI, selon son acte de mariage, est originaire d'Isernia, royaume de Naples. Isernia se trouve aujourd'hui dans la province de Campobasso, Molise.

Extrait de l'acte de mariage de Pauline Marie Rose RICCI.

Une des conséquences de la guerre de 1812 est l'arrivée de nombreux soldats, dont des italiens originaires tant du nord que du sud de l'Italie. Avec les troupes, on trouve aussi des épouses, des domestiques et des vivandières. Tous, Italiens, Français, Suisses, Polonais, Belges ou Néerlandais, étaient installés à la garnison à Montréal. Cela s'est reflété dans les documents d'archives, en particulier dans les registres paroissiaux. 

Au sortir de la guerre, une petite communauté italienne vit à Montréal au sein de laquelle on retrouve Pauline RICCI. Retracer une femme dans les archives, surtout si elle est célibataire, s'avère plus compliqué. Outre son acte de mariage, nous n'avons retracé qu'une seule autre mention de cette Molisane dans les registres paroissiaux d'état civil. L'acte de baptême de Paul Dominique BRUSCHESI le 9 juillet 1819, révèle que Pauline RICCI en est la marraine deux ans avant son mariage. Elle y déclare ne savoir signer. Fait intéressant à souligner, outre le baptisé, toutes les personnes mentionnées dans cet acte de baptême sont nées en Italie. Le parrain, Paul Montanari un vétéran du régiment de Meuron, est Lombard, le père du baptisé, Dominique BRUSCHESI vétéran du régiment de Watteville, est originaire de Gravina, soit en Sicile ou dans les Pouilles. Nous ne connaissons pas pour le moment l'origine exacte de la mère de l'enfant, Carmela PERFETTI. 

Pauline RICCI marraine de Paul Dominique BRUSCHESI.

En ce qui concerne la famille RICCI, on la retrouve bien à Isernia à l'époque du mariage de Pauline. Nous avons retracé les mariages d'un frère, Giannantonio RICCI, le 18 septembre 1825 à Isernia. On le dit natif de Sant'Agapito, commune située près d'Isernia. Il a alors 34 ans. Et le mariage d'une soeur, Rachela RICCI, qui a eu lieu le même jour à Isernia. Elle est native de Sant'Agapito et est âgée de 30 ans. On y apprend que leur père, Cipriano RICCI, est décédé et que leur mère, Anastasia PETRARCA, est toujours vivante. En consultant les documents relatifs à ces mariages, nous retrouvons un extrait de l'acte de décès de leur père. Cipriano RICCI est décédé le 6 mars 1796 à l'âge de 50 ans. Il laissait donc des enfants en très bas âge.

Extrait de l'acte de mariage de Giannantonio RICCI, frère de Pauline.

Pauline RICCI ne semble pas avoir laissé de descendance à Montréal. Malgré qu'elle n'ait laissé qu'une toute petite trace de sa présence en sol québécois, il a tout de même été possible d'établir avec certitude son lieu d'origine en recoupant les informations contenues dans les actes avec celles laissées dans les registres de sa commune d'origine par des membres de sa famille. ▪︎

Sources

  • Généalogie Québec : registres paroissiaux d'état civil du Québec. (abonnement requis)
  • Antenati : registres d'état civil italien. (gratuit)
  • FamilySearch : relevés des registres d'état civil d'Isernia. (compte gratuit)