À l'aube du XXe siècle, Montréal est une toute petite ville portuaire où, entre autres, commencent à affluer quelques milliers d'Italiens chaque année. La majorité d'entre eux sont des travailleurs saisonniers, des journaliers, qui en général rentrent dans leur patelin une fois leur contrat terminé.
Le temps de leur séjour, ces hommes sont habituellement hébergés par des compatriotes qui leur louent des chambres qu'ils partagent avec d'autres «paesani». La pauvreté et le manque d'espace engendrent souvent des conflits qui parfois dégénèrent. Inutile de vous dire que les Italiens avaient alors mauvaises réputation à Montréal.
Ils avaient également mauvaise presse. Le journaliste utilise les termes de «colonie italienne» plutôt que de communauté. Il ajoute que «Le misérable stylet italien a fait son oeuvre ...». Question d'en rajouter, il avance que le meurtre est « ... le résultat d'une de ces querelles futiles qui éclatent trop souvent au sein de la colonie italienne.»
Le 6 mai 1902, le Courrier de Saint-Hyacinthe relate un de ces faits divers qui s'est conclu par le meurtre d'Albino Marchioni, vendeur de crème glacée. La mention de l'adresse où s'est déroulé l'événement, permet de retracer la victime dans l'annuaire Lovell de Montréal. Toutefois, nous n'y avons pas retracé le présumé meurtrier ni son complice.
Il est mentionné dans l'article que Marchioni a une femme et trois jeunes
enfants. Nous n'avons pas trouvé le remariage de la veuve ni la trace des enfants dans les recensements ultérieurs. Nous pouvons penser que l'épouse de la victime est rentrée en
Italie avec eux.
Extrait de l'annuaire Lovell de Montréal, 1901-1902, rue Cadieux. Albino habite au 254.