Statuaires et « figurinai »


L'émigration saisonnière et le colportage font partie du mode de vie des Toscans depuis longtemps. Dès l'adolescence, les garçons sont placés soit dans des familles d'artisans sculpteurs, ou bien ils sont envoyés chez d'autres «colons», et sont alors appelés «garzone» c'est à dire apprenti. Une fois formés, les jeunes sculpteurs partent quelques mois par année soit en France (Lyon, Marseille, Toulouse), en Écosse ou ailleurs en Europe puis rentrent au pays avec de quoi faire vivre leur famille et leur communauté. De même, de jeunes ouvriers agricoles sont appelés à se rendre soit dans la région de Maremme ou bien en Corse.


L'Apennin toscan a fourni à l'Europe ainsi qu'au Nouveau Monde une multitude d'artisans quittant leur pays à pleins bateaux dans l'espoir de faire fortune. Vers le milieu du XIXe siècle, les «figurinai» ou «figuristi», mouleurs de figurines de plâtre, et les statuaires élargiront leur rayon d'activités et se rendront en Amérique du Sud (Argentine, Brésil), mais aussi dans plusieurs villes d'Amérique du Nord (New York, Boston, Chicago, Montréal) voire même jusqu'en Australie. Les ouvriers agricoles, quant à eux, sont nombreux à se rendre en Californie.

De nombreux statuaires, comme les Bacerini, Catelli, Carli, Petrucci et Rigali s'établissent à Montréal et à Québec et, au cours des années, des associations et des alliances entre les familles se forment. Cette succession d'ateliers rend particulièrement difficiles l'étude de la statuaire et l'identification de leur production. Deux ateliers traversent les années, soit celui de Thomas Carli (1838-1906) et celui de Michele Rigali (1841-1910).

Qui étaient donc ces immigrants débarqués au Québec ou dans une autre des provinces canadiennes? Nous tenteront de retracer leur histoire.